intheairwithagazelle

Je vous propose de poursuivre l'ascension dans les montagnes népalaises... Après avoir visité Katmandou (retrouver tout le détail ici) et débuté le trek dans les montagnes himalayennes ( ici), je vous conte les deux journées suivantes de trek. Au programme, de la marche, du froid comme du chaud, des montées comme des descentes... 

Mercredi 6 décembre

Une nouvelle nuit de repos malgré le vent. Cette nuit, j'ai été prévoyante et j'ai ajouté dès le départ la couverture au-dessus de mon duvet. J'ai eu trop chaud pendant la nuit, un vrai luxe!! Le vent a soufflé fort toute la nuit, j'ai cru que le toit de mon logement allait s'envoler. Mais il semble solide. J'ai donc malgré tout bien dormi et je me réveille en forme en ce troisième jour coupée du monde. Je savoure une fois de plus ma chance en admirant la vue de la fenêtre :

 

 

 

Magique!!

Je me prépare rapidement et file au monastère que nous avons la chance de visiter. Il s'agit d'un lieu de culte de la région qui est très bien conservé. J'apprends qu'il y a 4 sortes de Bouddhistes et que le culte ici n'est pas envers Bouddha et le Dalaï Lama. 

 

 

Nous prenons un petit déjeuner de crêpes face à cette merveilleuse vue. Je finis mon sac et salue Simon l'Australien que je ne reverrai pas, son guide Amber ainsi que nos hôtes du jour et leurs deux petites filles. Un dernier regard sur les montagnes et nous prenons la route à 8h50.

 

Au programme du jour, une belle ascension à destination de Pikey Peak Base Camp. Nous dormirons à 3600 m alors que nous n'étions qu'à 2850 m ce soir. Nous faisons une petite escale pour un thé après une heure de marche. Chaque maison semble être open pour nous offrir du thé même sans être un restaurant.

 

 

Nous trouvons sur notre route un monument tibétain que nous contournons par la gauche comme le veut la tradition. Le sable est brillant dans cette région, comme si des pellicules argentées avaient été ajoutées. Sous le soleil, les reflets sont splendides. Nous nous arrêtons pour déjeuner à 11h. Ce sera dal bat au menu. Nous serons servis à plus de midi. Cela est l'occasion d'échanger avec Pradip sur l'organisation politique du Népal qui est devenu une république très récemment, en 2008.

 

 

Nous reprenons la route peu avant treize heures. Cette fois, l'objectif est bien le Camp de base de Pikey Peak!

 

L'après-midi est un vrai calvaire! La vue est certes sublime mais les montées sont réellement corsées. Le porteur Pemba a la gentillesse de m'attendre dans les côtes. Pikey Peak base camp n'est pas prêt à être conquis si facilement! Pradip m'invite à admirer l'Anapurna, le Langtang, le Masalu, la région d'où il est originaire. Je prends quelques photos pour rendre moins lourde cette peine et ne pas oublier trop vite la beauté qu'il m'est offerte de découvrir...

 

 

Alors que nous marchons dans la forêt, je me délecte devant la poussière argentée qui vole et qui donne un effet magique à cette marche. Pas après pas, je progresse dans mon ascension mais j'apprécie les pauses.

 

 

Enfin, le Camp est en vue. Malheureusement, il est encore en hauteur par rapport à nous... courage, on continue, le Graal est proche! Sacrée aventure... déjà 33 KM parcourus depuis le début du trek il y a 2 jours... 

 

 

Courage, on continue. L'arrivée au base camp est une belle récompense. Pour fêter ça, nous "dégustons" du sherpa tea. Le même que le tibétain. J'accepte car ils offrent cela avec plaisir. Je ne vais pas être difficile à 3650 mètres d'altitude!! Aujourd'hui , nous avons parcouru près de 18 KM. Jolie performance à une telle altitude... Je pense à ma famille, à ceux que j'aime et à qui je ne peux pas donner de nouvelles... Moi qui suis adepte de la déconnexion en voyage suis pleine de contradictions en haut de ces montagnes : j'ai hâte de retrouver un peu de réseau pour échanger avec eux... Le spectacle est magique. Grâce à ce blog, j'essaie de partager la chance que j'ai eu de découvrir de tels paysages.

 

Nous passons la soirée dans un refuge de montagne alors qu'un vent tout droit venu de Normandie nous refroidit jusqu'à -10 degrés. On est littéralement gelés! C'est Mamo, une vieille dame sherpa de 74 ans qui nous héberge. Elle a toutes ses dents et n'a jamais croisé la route d'un médecin. Comme quoi, le froid et la montagne peuvent conserver! Pemba nous prépare le dal bat ce soir. Il prend soin de nous et c'est délicieux et très bien présenté ! Après un peu de lecture, je file me coucher. J'espère que les épaisseurs que j'ai prévues pour la nuit seront suffisantes. Demain nous gravirons au sens propre une montagne, Pikey Peak, à 4100 mètres d'altitude. C'est le point culminant du trek. Et je dois être en forme pour cela! 

Jeudi 7 décembre

Quatrième jour de trek, 3ème jour de marche et première nuit d'enfer. Le vent n'a pas arrêté de souffler, entre le froid et le vent, le mal de tête m'a gagné. Il m'aura fallu deux dolipranes et une pause pipi par -10 degrés dans les toilettes éloignées de ma chambre pour prendre un peu de repos quand même. Au réveil, le vent est un peu moins fort et le soleil brille alors que les nuages ont disparu. Une fois de plus, je me brosse les dents dans un cadre sublime...

 

 

Nous prenons notre petit déjeuner préparé avec soin et grande lenteur par notre hôtesse. Au programme : deux chapati (les crêpes locales) accompagnés de marmelade d'orange et de miel. J'opte pour le sûr thé noir laissant aux autres ma part de thé sherpa. J'ai la chance de me faire servir mon petit déjeuner face aux montagnes. Quel luxe!

 

Une fois notre petit déjeuner avalé, nous nous couvrons pour entreprendre l'ascension à destination du point culminant de ce trek : Pike Peak qui culmine à 4068 m. Une formalité pour les Népalais qui considèrent que les montagnes ne commencent qu'au dessus de 6000 m...

J'enchaîne lentement les pas qui me conduisent au sommet. Le vent devient de plus en plus glacial. Pas sûre que je sois capable de devenir une vraie alpiniste... mais je relève le challenge afin d'atteindre seule cette étape. Les pierres argentées jonchent le chemin vers le col. Les marches rendent les cuisses et les fesses douloureuses, bien plus que les marches de la colline de Fourvière que je gravissais chaque matin du temps où j'étais étudiante...

 

 

Enfin, nous arrivons au sommet. Nous admirons la vue sur l'ensemble de la chaîne de l'Himalaya. Depuis les Anapurnas jusqu'aux montagnes qui marquent la frontière avec le Boutan. En passant par le fameux Everest bien sûr. Il est plus loin donc ne semble pas plus haut que ses voisins... il reste majestueux.

 

 

Un mémorial bouddhiste trône en haut de ce col comme il est d'usage. Je prends une photo souvenir (et même plusieurs pour amortir l'effort!) avant de redescendre. Il fait réellement froid sur ce sommet!!!

 

 

Nous avons parcouru en une heure les 2,5 petits kilomètres soit les 500 mètres qui nous séparaient du sommet.

 

 

La descente sera plus rapide. Nous nous reposons au soleil. Nous ne reprendrons la route que demain. Donc aujourd'hui repos (tout est relatif...) !

 

 

Je rejoins ma chambre, la 101, en souvenir pour ma Gazelle. J'aimerais qu'elle voit les routes pratiquées par de vieux bus ou en 4x4 tata aux pneus slicks. Nous sommes loin du désert marocain traversé par les gazelles mais plus proches des Bédouins qui gravissent les dunes en mobylette sans difficulté.

 

 

Le soleil vient de se coucher sur la vallée de Katmandou. Du haut de cette région appelée bas Everest, nous admirons le coucher de soleil après une après-midi reposante au soleil. L'ambiance est une fois de plus magique. Les montagnes semblent flotter au dessus des nuages alors que les mantras bouddhistes veillent sur les habitants du village.

 

 

Nous passons une dernière soirée dans ce refuge avant de prendre la route de Junbesi demain. Pradip propose de modifier le programme pour prendre une autre route mercredi pour rejoindre Katmandou. Je veux voir du pays donc finalement peu m'importe le chemin, je fais confiance. Le plus important pour l'instant sera de bien dormir cette nuit. Le vent semble s'être calmé et les températures sont un peu plus douces donc on croise les doigts!

 

La soirée s'annonce festive. Aujourd'hui c'est jour d'élection au Nepal et nous avons droit à la radio. Quel luxe! Une Australienne installée depuis sept ans au Népal (et non pas au Tibet...) nous rejoint avec son guide. Elle travaille pour une agence de trekking et à choisi de quitter son pays après son voyage au Népal en 2010. Elle travaillait dans un magasin et le contraste entre son trek Népalais et la course folle de Noël dans les boutiques ont eu raison d'elle : elle est partie après que la personne qui avait organisé son trek lui ait proposé un job. Comme quoi, je ne suis pas la seule à être éternellement confrontée à cette contradiction, ce dilemme intérieur : vivre une vie rangée avec un travail stressant ou parcourir le monde pour trouver la paix intérieure? J'ai aujourd'hui trouvé un compromis. Je m'accorde ces moments de paix suffisamment régulièrement pour trouver supportable ma vie quotidienne à pseudo-responsabilités. On a les responsabilités que l'on veut bien se donner au final. Chaque être humain est important, aucun ne l'est plus qu'un autre. C'est loin du haut de ces montagnes que l'on en prend aisément conscience.

 

Moma, la maîtresse de maison qui prépare méticuleusement les plats, qui range, qui répare la tuyauterie qui permet de faire s'écouler l'eau de la source présente en montagne quand elle n'est pas gelée, qui fait sa vaisselle dans cette même eau gelée. Son mari part en sandales sans chaussettes acheter de quoi tenir cet hôtel qui finalement voit passer beaucoup de monde du haut de ses 3650 mètres... parti vers 14h, il revient après 18 h alors que la nuit est déjà tombée. Quelle leçon de vie pour nous qui claquons des doigts pour se faire livrer sous 24h nos livres, vêtements, dernière passion en deux clics sur internet ou qui prenons notre voiture pour parcourir 2 KM ou même moins quand nous allons d'un magasin à l'autre dans les centres commerciaux.

Quelle leçon de vie...

 

Ce soir j'ai admiré le coucher du soleil sur les montagnes. La montagne offre un magnifique cadeau, gratuit, en se laissant ainsi photographier à loisir. Les montagnes semblent suspendues au-dessus des nuages. L'ambiance est magique.

 

 

 

Comment se plaindre d'admirer tels paysages, de découvrir telle beauté? Oui, mes proches me manquent, mais je savoure la chance que j'ai d'évoluer dans un tel environnement... Ce soir, le vent souffle moins fort, le ciel est clair et les étoiles brillent. J'espère donc que la nuit sera calme et reposante...